Dans une société inclusive, il est attendu que chacun, et notamment les personnes en situation de handicap, voie ses besoins soutenus (Gardou, 2012). Aussi, que ce soit à l’école ou au travail, la mise en place d’aménagements permettant la participation de tous devient- elle usuelle. Dans cette recherche, nous défendons l’idée que ces transformations peuvent pourtant être contre-productives et exposer ceux qui en bénéficient à un backlash (Rudman et al., 2012), notamment en raison la potentielle remise en cause du mérite individuel qu’elles suggèrent (Stanczak et al., 2023). Nous avons testé cette hypothèse dans deux études pré- enregistrées1 (NTot = 713). Dans celles-ci, des participants recrutés en ligne devaient jouer le rôle d’un coordonnateur examinant les demandes de promotion de deux salariés, dont un avec un trouble du spectre de l’autisme (TSA). Pour la moitié des participants, il était fait mention dans le rapport d’évaluation que ce salarié bénéficiait d’un aménagement de ses objectifs de travail ; pour l’autre moitié, rien n’était dit. En outre, les possibilités de promotion et le caractère méritocratique du choix étaient également manipulés. Les résultats des deux études montrent de manière consistante que la promotion du candidat avec un TSA est moins soutenue (par rapport à son collègue sans TSA) lorsqu’il a bénéficié d’un aménagement et que le caractère méritocratique du choix du candidat est rendu saillant. En outre, il apparait que la perception de compétence du salarié avec un TSA puisse elle-aussi être moins élevée lorsque ce dernier a bénéficié d’un aménagement. Pris ensemble, ces résultats invitent à s’interroger sur la compréhension que la société a des aménagements proposés aux personnes en situation de handicap. Si ces derniers sont spontanément associés à une aide plutôt qu’à une compensation, cela contribuerait à expliquer les difficultés de mise en œuvre d’une société pleinement inclusive.