Du 17 mars au 11 mai 2020, on estime que 7 % des Français ont changé de lieu de vie 1 , que 9 % ont vu la composition de leur ménage se modifier (en rejoignant ou en accueillant un parent, un enfant, un conjoint, un proche) et qu'au total, 13 % de la population s'est retrouvée dans une configuration domestique différente. En outre, 30 % des personnes en emploi début mars ont été mises à l'arrêt, et près de la moitié de celles et ceux qui travaillaient ont dû continuer à le faire depuis leur logement. Les enfants, adolescents et étudiants ont vu leur scolarité se déporter vers leur domicile au moyen d'outils numériques inégalement disponibles et maîtrisés. Enfin, la proportion d'individus qui se sentent isolés dans leur logement et leur quartier atteint 38 %, contre 17 % avant le confinement. La pandémie de covid-19 et les mesures de confinement du printemps 2020 ont donc constitué un « événement » au sens historique du terme : une transformation de l'ordre des choses « qui introduit une coupure, une discontinuité dans la continuité du temps » (Bertrand, 2009 : 40).