Christophe Gobbé étudie les interactions des membres d’une organisation d’aïkibudo selon un rapport qui montre que les valeurs de chacun relèvent de son vécu individuel. Ainsi, contrairement à l’adage qui veut que les arts martiaux soient porteurs de valeurs morales héritées de « l’esprit du budo », les différends et les conflits de vision sont omniprésents. Croisant les apports de la sociologie pragmatique et ceux de l’approche dispositionnaliste, l’auteur propose d’aborder la question des valeurs non pas comme un donné ontologique, mais comme une construction (du) social(e). D’une part, ces valeurs résultent de l’agir des individus qui produisent des accords d’ordre à la fois moral et pratique. D’autre part, ces individus sont porteurs de dispositions qui les rendent prompts à construire ces accords et à se positionner de manière différenciée dans la discipline. Dès lors, bien plus que l’héritage d’une longue tradition martiale, les valeurs du budo apparaissent comme celles que les individus ont édifiées et l’on comprend l’importance que les individus accordent à une telle pratique.