Cette forme de sociabilité, que sont les reinages, montre que les pratiques dévotionnelles ne peuvent être circonscrites au seul domaine du spirituel. En effet, en dépit de certaines offensives à la fois de la hiérarchie de l’Église et du clergé paroissial qui entendent supprimer la pratique des banquets ou encore rejeter les enchères en-dehors des lieux de culte, les reinages sont toujours bien vivants à la fin de l’Ancien Régime. Par leur longévité, ils permettent de s’intéresser aux limites de la Réforme catholique qui entend pourtant démêler l’écheveau complexe des activités sacrées et profanes. Aux yeux du clergé réformateur, les aspects les plus scandaleux semblent avoir disparu, sinon s’être estompés. Pourtant, si on adjuge plus au prône des églises, si l’argent rassemblé ne sert plus à financer quelques festins trop arrosés, la fête du saint patron voit toujours se succéder aux processions des pratiques festives. Doit-on en conclure, pour autant, que la sanctification du temps essuie ici un échec ? Tout au plus, peut-on considérer que sont rassemblés les indices d’une culture paroissiale qui bouscule les exigences cléricales. De fait, la pérennité des reinages témoigne du fort attachement des villageois pour une coutume qui fait écho à des usages sociaux.