Rapport de prospection thématique. Dynamiques du peuplement et formes de l’habitat dans le sud du Cézallier à l’époque romaine
Résumé
Les objectifs de cette première campagne de terrain visaient à reprendre l’étude des sites déjà connus, mais mal ou pas assez documentés et de renseigner de nouveaux sites. Le ramassage a été fait de manière systématique soit avec une méthode de nuage de point, soit avec une méthode Rapatel. Cette dernière a été utilisée sur trois sites. L’objectif, pour deux d’entre eux, était de spatialiser de façon fine l’ensemble du mobilier antique et de discriminer la fonction des espaces selon le mobilier ramassé et dans le dernier cas s’ajoutait l’objectif de différencier une occupation de l’Âge du Bronze et de l’Hallstatt et une occupation de l’Antiquité tardive. Le but, pour tous les sites, était d’affiner leurs chronologies, de les localiser plus précisément et de déterminer leurs usages. Ces nouvelles données ont été complétées par l’apport des analyses du mobilier archéologique conservé dans les réserves du musée d’Art et d’Archéologie d’Aurillac et conservé chez des particuliers, et par deux tests géophysiques. Cette première campagne de terrain a permis d’appréhender 71 ha à travers 91 Unités de Prospection sur 6 communes différentes du Cantal : Allanche, Charmensac, Landeyrat, Massiac, Peyrusse et Ségur-les-Villas. Afin de ne pas se disperser sur la totalité de la zone d’étude, j’ai choisi de me focaliser sur certains sites. La prospection s’est étalée sur 67 jrs/hommes et le post-traitement (hors rédaction du rapport) sur 103 jrs/hommes. Il a été possible d’appréhender deux sites protohistoriques sur la commune d’Allanche. Le premier, au lieu-dit du Buron du Baladour, était déjà connu. L’objectif était d’éclairer l’indice de site antique découvert par A. Vinatié. La faiblesse des données n’a pas permis de déterminer la présence d’un site romain. Le deuxième site au lieu-dit du Communal de Chastre, à proximité du premier, était mal localisé dans la bibliographie d’A. Vinatié. Il s’agit d’une petite occupation sur un versant exposé au nord. Un petit site romain a été prospecté à Ségur-les-Villas. Deux petites zones semblent occupées entre la fin du Ier s. av. J.-C. et le IIe s. ap. J.-C. Des prospections plus étendues devraient permettre de voir si le site ne s’étend pas au-delà de la surface reconnue. Le quatrième site se trouve à sur la commune de Peyrusse, au lieu-dit Lussaud. Sur tous les tessons ramassés, peu nous fournissent des repères chronologiques. Certains sont cependant caractéristiques de productions de la fin del’Antiquité et d’autre suggèrent que le site est occupé jusqu’au XIIIe-XIVe siècle. Sur les sites où j’ai appliqué une méthode Rapatel, celui du Suc de Lermu à Charmensac, présente très forte occupation protohistorique. Il était difficilement envisageable de sélectionner sur le site uniquement les tessons de l’Antiquité tardive. Le tri s’est effectué en laboratoire. Situé sur un petit éperon de 0,8 ha dominant la vallée de la Sianne, le site se trouve dans une position dominante et semble être occupé entre le Ve et le VIIe s. ap. J.-C. La prospection sur le site des Veyrines Basses à Landeyrat, sur et autour du sanctuaire déjà connu et interprété comme tel depuis 1979, a permis de spatialiser l’ensemble des objets et de montrer des densités importantes de mobilier archéologique. Le site occupe un espace de plus de 8 ha entre la fin du Ier s. av. et le début du Ier s. ap. J.-C. jusqu’à la fin du IIe s. et le début du IIIe s. ap. J.-C. Il surplombe une cascade. L’analyse des images aériennes a montré d’autres structures autour du temple qui restent cependant hypothétiques. Le site de Mathonière à Allanche, couvrant au minimum une étendue de 12 ha, n’a pas pu être prospecté entièrement. Les données issues des recherches de terrain ont montré une densité importante de vestiges au nord-ouest du sanctuaire. L’ensemble du site paraît très homogène entre la fin du Ier s. av. J.-C. et le IIIe s. ap. J.-C. Afin de compléter toutes les informations de prospection pédestre il semblait nécessaire de réaliser des prospections géophysiques. Un premier test a été réalisé sur le temple des Veyrines Basses à Landeyrat. Il a mis en avant, pour la première fois l’architecture d’un fanum et nous offre la possibilité de compléter nos connaissances sur la monumentalisation du site. Le deuxième test, s’est fait sur le temple de Mathonière. Jusqu’à présent, non retenu dans les études régionales, le temple a pu enfin se révéler clairement avec un péribole et une galerie qui entouraient un fanum. Toutes les informations acquises sur ce site, permettent de le montrer comme un élément majeur dans l’organisation spatiale du territoire de la moyenne montagne. Les opérations, qui se poursuivront l’année prochaine, permettront de compléter les informations déjà acquises sur les sites des Veyrines Basses et de Mathonière. Dans une démarche similaire, il sera bien entendu possible de continuer de renseigner d’autres sites. Une demande de prospection géophysique sera également faite pour compléter les renseignements déjà acquis à Mathonière. Il est nécessaire de focaliser notre attention sur l’occupation autour du temple pour comprendre l’organisation interne du site, et mettre en lumière la trame urbaine, s’il s’agit bien d’une agglomération, ou l’agencement de l’habitat privé, dans le cas contraire.