Le blocage du système endocannabinoïde stimule la synthèse protéique via un mécanisme mTOR et calcium dépendant dans un modèle de myotubes en culture.
Résumé
Introduction et but de l’étude: Les endocannabinoïdes (EC), dérivés des acides gras polyinsaturés synthétisés par l’organisme, sont des ligands des récepteurs cannabinoïdes. Ils exercent une action autocrine et paracrine en se liant à leurs récepteurs et contrôlent de nombreux processus métaboliques au sein des différents tissus de l’organisme. Au niveau musculaire, des études ont montré que les EC participent au contrôle de la signalisation de l’insuline et de la captation du glucose. Les EC régulent également la différenciation musculaire et modulent les capacités oxydatives du muscle, probablement via la biogenèse mitochondriale, comme précédemment observé dans les cellules neuronales. Dans une étude précédente, nous avons observé qu’un traitement au rimonabant (agoniste inverse du récepteur CB1) stimulait la synthèse protéique de myotubes C2C12 de façon dose- et temps-dépendant. L’objectif de cette étude était d’identifier les mécanismes responsables de la stimulation de la synthèse protéique musculaire par le rimonabant.
Matériel et méthodes: Après différenciation, des cellules C2C12 (modèle de myotubes en culture) ont été incubées en présence de rimonabant. La synthèse protéique a été mesurée par Western Blot en utilisant la technique SUnSET (incorporation de puromycine dans les protéines naissantes). L’implication des voies Akt, ERK, mTOR a été évaluée par l’utilisation d’inhibiteurs spécifiques. L’implication du système calcique a été étudiée par l’utilisation de chélateurs de calcium ou de ryanodine/2-APB. Enfin le rôle de CB1 a été étudié en utilisant divers agonistes de ce récepteur. Les résultats ont été analysés par ANOVA à une voie et exprimés en moyenne±sem.
Résultats et Analyse statistique : En présence de 10µM de rimonabant, la synthèse protéique est accrue de 90% après 1h de traitement (p<0.05), et de 150% après 6h (p<0.01). Cet effet n’est pas modifié par l’utilisation de wortmannine ou d’U0126 (respectivement inhibiteurs de la PI3K et de ERK), mais est diminué de 40% en présence de rapamycine (inhibiteur de mTOR, p<0.05) et de façon dose-dépendante en présence de BAPTA-AM (chélateur intracellulaire de calcium, p<0.05). L’utilisation de ryanodine ou de 2-APB ne modifie pas l’effet du rimonabant sur la synthèse protéique, ce qui suggère que le relargage du calcium par le réticulum endoplasmique n’intervient pas dans ce processus. Enfin, différents agonistes de CB1 (AEA, MetAEA, ACEA ou 2AG) seuls ne modifient pas la synthèse protéique dans ce modèle de myotubes en culture, et ne modifie pas l’effet du rimonabant.
Conclusion: Dans des cellules C2C12, une incubation courte en présence de rimonabant induit une stimulation de la synthèse protéique en faisant intervenir la voie mTOR et le calcium intracellulaire. Cet effet ne semble pas dépendre du calcium du réticulum endoplasmique et semble indépendant du récepteur CB1.
Origine : Fichiers éditeurs autorisés sur une archive ouverte
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